Salut, c’est Sébastien,

J’avais prévu d’écrire sur l’hygiène ou les styles de bière, mais trois événements me font changer d’avis :

– une visio avec un brasseur qui vient de s’installer en Gironde ;
– les retours d’inscriptions à cette newsletter ;
– l’intérêt pour mon service d’accompagnement

Le point commun entre ces trois événements, c’est un frein que l’on connait tous.

Un frein psychologique qui nous bloque et nous empêche d’avancer.

Une petite voix intérieure qui nous chuchotte de nous cacher.

De rester bien tranquille à notre place.

Aujourd’hui, il est l’heure de se mettre à table.

Pour parler légitimité.

Et syndrôme de l’imposteur.

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1. Mise au point

Commençons par être clair : c’est normal de ne pas se sentir légitime.

J’ai l’impression que c’est même sain.

La pression sociale, nos croyances limitantes, notre expérience, nos peurs. Tout nous indique que ce qu’on veut, au plus profond de nous, n’est pas fait pour nous.

Comme un réflexe de survie de notre cerveau pour nous empêcher de partir en vrille.

Et rester en bonne santé.

Le problème n’est donc pas là.

Le problème, c’est qu’on n’a jamais appris à le regarder en face, et encore moins à l’utiliser à bon escient.

On le voit comme une ancre inamovible, bloquée au fond de l’océan, qui nous maintient fatalement dans une torpeur dont on ne peut s’extirper.

Alors que ce n’est qu’un cordage pour amarrer le navire, passer la tempête à l’abri et faire le point, pour mieux repartir à l’aventure le lendemain.

Et c’est d’autant plus important de le considérer ainsi, car il est constamment présent.

2. Constance

Depuis le début de ma vie professionnelle, il est toujours là.

Quand je créais des nouveaux produits pour l’industrie automobile : dans cet univers ultra carthésien, j’avais l’impression d’être un imposteur avec mes dessins de molécules et mes tableaux Excel.

Quand on m’a proposé trois CDI de brasseur, sans diplôme en agro, sans expérience pro en brasserie. J’ai eu l’impression d’être un pirate qui joue du système. (J’en ai parlé dans cet article).

Quand j’ai pu créer ma première bière en 10 hl. J’avais l’impression d’être un escroc, à produire 3 000 bouteilles dont je n’étais pas certain du résultat. (J’en ai parlé dans cet article)

Quand j’ai accepté de manager des gars de l’âge de mes parents. Je me demandais ce que je pouvais bien leur apprendre, ils avaient près de 50 ans d’expérience à eux deux !

Quand j’ai envoyé un mail à 5 000 personnes pour leur annoncer la sortie de la nouvelle éphémère : qui je suis pour faire ça ?

Quand j’ai lancé cette newsletter en 2022 : qui ça va intéresser de lire mon parcours ?

Aujourd’hui ce syndrôme de l’imposteur est toujours présent.

Sous la forme de cette petite voix qui me dit de ne pas m’exprimer sur les réseaux, de ne pas lancer mon entreprise, de rester bien sage à ma place.

Je ne me sens toujours pas légitime.

Mais j’ai décidé de passer outre.

3. Rien à battre

Si j’attends l’autorisation de m’exprimer pour le faire, je vais rester cloîtré dans ma bulle pendant des siècles.

Si on attend de se sentir légitime pour faire déguster ses bières aux pro, on continuera à brasser sur 30 litres dans cinquante ans.

Si on attend une validation morale pour ouvrir sa brasserie, elle restera une belle idée excitante dans un coin de notre tête.

J’avance tous les jours sur mes blocages psychologiques.

Et je t’invite à faire pareil.

Cette légitimité, je l’ai gagnée par le travail, le partage, l’écoute et l’impertinence.

Parce que finalement, qui décide si on peut se reconvertir en brasserie ?

Les autres brasseries ?

Les médias ?

Les institutions ?

Ou nous-mêmes ?

Est-on plus légitime si on s’est installé en 1985, en 1999, en 2015 ou aujourd’hui ?

Est-on plus légitime si on est brasseur depuis 20 ans ou seulement quelques mois ?

Est-on plus légitime avec un beau diplôme ?

À force de partager mon expérience, de te parler “vrai”, avec les tripes, sans artifice fadasse, sans paillettes inutiles.

J’ai compris que ça t’aide.

Et ça m’aide aussi.

Tout le monde y gagne.

Alors j’ai envie de te dire une chose : on s’en branle du regard des autres.

On s’en branle si on ne coche pas toutes les cases.

On apprendra sur la route.

Et pour ça, rien de mieux que de s’outiller.

4. Outils

J’ai déjà écrit un article à ce sujet : se faire un réseau est indispensable.

Mon premier conseil est actionnable très facilement : aller visiter des brasseries, en leur parlant de ton projet, en faisant goûter tes bières, en postulant à des offres.

Le second demande de sortir un peu plus de sa zone de confort : demander de l’aide et des retours. J’ai appris à dry-hopper proprement en posant des questions à des brasseurs plus expérimentés. J’ai appris à régler mon carbonateur ou mon embouteilleuse en questionnant mon fournisseur jusqu’à ce que ça rentre.

La troisième, c’est de transmettre. Partager ses connaissances. C’est la partie essentielle pour se montrer à soi qu’on est bien plus compétent qu’on ne le croit.

Aujourd’hui, je me sens légitime en tant que brasseur-feignant.

J’ai montré qu’on pouvait réussir des trucs chouettes sans se fatiguer inutilement.

Qu’on pouvait s’organiser sans se cramer.

Et prendre des risques mesurés.

Développer volumes, productivité, diversité et qualité, dans la bonne humeur et le sourire.

Mon sentiment d’illégitimité aujourd’hui se trouve dans ce que je connais mal : la création de contenu et l’entrepreneuriat.

Alors pour suivre moi-même le conseil que je te donne, je viens d’adhérer à un réseau de créateurs entrepreneurs dans cette optique : dépasser mon syndrôme de l’imposteur et me sentir légitime dans cette aventure.

Conclusion

Apprendre à jouer avec ce sentiment d’illégitimité, c’est un long chemin interne.

Plus on avance et plus on essaye des trucs, plus on se rend compte de ce qu’il est : une corde amovible qui fait partie de nous.

On peut essayer de le mettre dans un coin.

Ou de le tordre dans tous les sens pour le détruire.

Mais ça ne sert à rien.

Il sera toujours là.

Alors autant apprendre à l’utiliser.

En faire un compagnon de route.

Un point de repère.

Pour passer les tempêtes.

Moi, ça me donne une énergie de fou.

Ça confirme que je vais dans la bonne direction.

Alors toi aussi.

Si ça te fait peur, c’est que c’est la bonne chose à faire.

Cheers.

Merci de m’avoir lu,

Bonne semaine à toi, à vendredi,

Sébastien