Salut, c’est Sébastien,
Je me suis rendu compte que le process de production professionnelle d’une bière est toujours aussi mal compris.
Beaucoup de gens font l’erreur de croire qu’il s’agit simplement de reproduire à grande échelle ce qu’on fait dans sa cuisine.
Ça n’est pas le cas.
Car on ne peut jamais anticiper les ventes.
Alors j’ai vu beaucoup de gérants, brasseurs, commerciaux ou livreurs courir dans tous les sens pour rattraper le temps perdu par cette méconnaissance.
Ça crée une ambiance pesante, ça conduit à des erreurs, des blessures et des morals cassés.
Alors comment faire pour gérer son énergie et ne pas se crâmer quand on ne peut pas prévoir l’avenir ?
On peut s’y préparer.
En comprenant ce qu’il se passe dans la brasserie, en identifiant les leviers et en communicant.
Le premier truc à bien comprendre, c’est qu’il faut du temps pour produire une bière.
Et certains délais sont incompressibles.
Quand j’étais simple brasseur, j’ai régulièrement dû mettre en fûts des bières qui avaient à peine deux jours de garde. Je prévenais que c’était vraiment trop tôt et que je ne pouvais pas garantir la qualité du produit.
On me disait d’envoyer quand même.
Et à chaque fois, on recevait des retours négatifs sur l’aspect trouble ou la difficulté de tirage chez les clients.
Alors quand j’ai pris la tête de la brasserie à Brest, j’étais intransigeant sur les délais.
Peu importe que tel ou tel client commande une palette pour le lendemain demain. Il l’aura quand le produit sera prêt à être envoyé, pas avant.
Au départ, les commerciaux acceptaient mal d’être mis au pied du mur. Ils me voyaient comme un tortionnaire obtus.
Puis quand ils ont pris conscience des conséquences qu’une bière non terminée pouvait avoir sur eux et leurs clients, les choses sont rentrées dans l’ordre.
Produire de la bière, ce n’est pas juste mélanger des céréales, brancher des tuyaux et allumer des pompes.
Avant même de produire de la bière, il faut :
Ensuite, on doit :
On a aussi besoin de préparer son brassin ou sa mise (matières premières, feuille de brassage, branchement des tuyaux, mise en chauffe).
Puis pendant qu’on ne brasse pas, on s’occupe du cuvier (densités, purges, pH), du dry-hop ou des ajouts en fermenteurs, et de l’entretien des machines.
Et enfin, évidemment, on passe un temps fou à nettoyer.
Et ça, c’est sans compter les moments de réflexion, de discussions ou de lectures pour développer de nouveaux produits !
Heureusement, il existe plein de moyens de gagner du temps.
D’abord, avec le matériel :
Ensuite, on peut jouer sur le process :
Enfin, on peut limiter l’intervention humaine :
Dire non à un client est la chose qu’on veut éviter.
Mais c’est parfois indispensable, le plus important est de le faire correctement.
En communicant.
C’est la partie primordiale dans une brasserie : garder le lien entre les membres. Que chacun comprenne les besoins et les contraintes des autres, tout en pouvant exprimer les siens.
Et ça passe d’abord par la formation.
Car mieux un commercial connait le fonctionnement de la brasserie, mieux il peut anticiper les ruptures et raconter la bonne histoire pour garder son client et continuer à s’éclater dans son boulot.
À Brest, je formais chaque nouvel arrivant sur le fonctionnement de la brasserie.
Ça me permettait d’être à jour sur les besoins des cavistes et des commerciaux. Ca leur permettait de comprendre les coulisses de la production et les contraintes auxquelles on fait face.
Puis chaque année, je faisais le point sur les volumes de l’année précédente.
J’analysais les ventes.
Pour m’améliorer.
Quels sont les 20% des clients qui font 80% du CA ?
Comment optimiser le temps qu’on passe sur eux ?
Comment développer les autres clients ?
Le marché de la bière est très intense car très saisonnier et météo-dépendant.
Il suffit d’un coup de soleil un 20 février pour que les commandes de fûts explosent, ou d’une grosse commande partie en mars pour se retrouver à courir le reste de la saison.
C’est un environnement très stressant si on s’y prend mal.
Mais être à fond, tout le temps, ce n’est pas viable.
Alors, rappelons-nous bien des points importants :
Anticiper
Communiquer
Savoir dire non
Apprendre de ses erreurs
Et tout ira bien.
Bonne semaine à toi, à vendredi
Sébastien