Créer des bières à l’échelle pro, c’est un apprentissage constant.
Dans mon cas, ça a commencé en 2017 avec cette fameuse IPA maltée.
J’en parle souvent, parce que cette expérience a vraiment été un déclic pour moi.
Je suis têtu, quand j’ai une idée en tête et que je sens qu’il y a quelque chose, je vais au bout.
Avec le temps et les rencontres, j’ai appris à doser ma prise de risque, à améliorer mes connaissances, à gagner en efficacité.
Je suis toujours têtu, mais beaucoup plus réfléchi et posé qu’il y a six ans.
Car j’ai découvert à quel point c’est puissant d’étendre progressivement sa zone de confort.
La base, c’est de définir cette zone de confort. Car comment l’étendre si on ne sait pas ce que c’est ?
Quand je parle de zone de confort, je veux dire “zone dans laquelle on se sent à l’aise et légitime”.
La difficulté, c’est qu’elle est propre à chacun.
Et qu’elle nécessite de passer par une étape désagréable d’introspection.
Je m’ennuie vite si je ne suis pas stimulé régulièrement, je déteste aussi qu’on m’impose une façon de penser ou une façon d’être, de m’habiller, de parler. Et par-dessus tout, je déteste la sérieusite, qui prône qu’on doit être sérieux, sage et ne jamais sortir du cadre. J’adore questionner, apprendre et transmettre. J’adore sentir, goûter, toucher et vivre mes émotions à 100%. J’aime le contact humain, mais je suis plutôt introverti.
La solution que j’ai trouvée, c’est de créer régulièrement, dans un environnement dans lequel je me sens bien.
Ça passe donc par ma famille, mes amis, l’endroit où je vis et l’entreprise dans laquelle je travaille.
Ça passe aussi par mes activités.
Et la bière artisanale est un terrain de jeu formidable.
Car c’est infini : les possibilités de création existent sans limite.
Car c’est récent : les dogmes ne sont pas encore trop puissants.
Car la dynamique actuelle le permet : l’écosystème se structure avec les syndicats, les distributeurs, les malteries locales, les houblonnières locales, les bouteilles consignées, etc…
Une fois qu’on a identifié sa zone de confort, on en connait les limites.
On peut donc aller les titiller, en définissant ses objectifs suivant trois règles primordiales :
Le plus difficile à cette étape, c’est de rester réaliste quand à ses réelles compétences. Si tu n’es pas sûr-e de soi, tu peux commencer par des choses simples mais terriblement efficaces : changer un malt, un houblon ou une levure.
La rétroaction immédiate t’assurera d’avancer rapidement : tu verras un changement de couleur, tu sentiras un arôme différent ou une variation de texture.
Tu auras ton feedback, tu gagneras en confiance, ta zone de confort sera élargie et tu pourras continuer à repousser la limite.
Une fois qu’on a le retour sur notre expérience, on a souvent envie de recommencer tout de suite, sans attendre.
Et sans noter quoi que ce soit. On se dit qu’on s’en souviendra.
Grave erreur.
J’ai mis du temps à comprendre que la mémoire est sélective. Quand on est curieux, qu’on aime apprendre de nouvelles choses, on oublie le reste.
Documenter ses apprentissages, c’est frustrant car on a l’impression de perdre notre temps.
Alors que sur le long terme, documenter permet de gagner en efficacité.
Sur la fiche de brassage ou dans un cerveau numérique, c’est absolument indispensable de garder des traces écrites de ses expériences & réalisations.
Pour résumer, voilà ma stratégie pour avancer comme un rouleau-compresseur :
J’aime beaucoup cette approche car elle permet d’avancer sans se disperser. Elle correspond à ma personnalité, tout en étant suffisamment flexible pour être adaptable à chacun.
Faire des hypothèses, évaluer ses forces & faiblesses, prendre des risques mesurés, observer les résultats et documenter.
Puis recommencer en intégrant ce qu’on vient d’apprendre.
Avec, comme résultat, une boucle méliorative dont tout le monde bénéficie :
As-tu déjà essayé cette approche ? Qu’en penses-tu ?