Salut, c’est Sébastien,

 

On fait tout un foin sur la création de recettes.

 

On n’ose pas se lancer parce qu’on se compare aux brasseries qui font du bruit.

 

On pense que c’est dur.

 

On pense que les bonnes idées sont toutes prises.

 

Alors même qu’en 2023, la diversité des goûts et des bières et devenu un critère-clé pour

attirer des clients.

 

Aujourd’hui je te propose qu’on démystifie ensemble ce sujet.

1. La base

Comme beaucoup, j’ai commencé à brasser en suivant des recettes sur Internet.

 

Ma priorité n’était pas de créer les meilleures bières du monde, mais de produire une bière tout court.

 

J’en ai déjà parlé dans cet article : pour se former, c’est primordial de se tester sur des recettes existantes.

 

C’est valable chez soi, sur 20 litres. Mais aussi, et surtout, dans une brasserie professionnelle.

 

Tu es peut-être déjà opérateur ou opératrice de brasserie, à produire les bières de quelqu’un d’autre.

 

Tu vis peut-être cette frustration de ne pas pouvoir créer tes propres produits.

 

Tu vis peut-être cette pression de te lancer dans une nouvelle recette, direct en 10 ou 20 hl.

 

Mais tu vis peut-être aussi ce syndrôme de la page blanche : qu’est-ce que je vais bien pouvoir brasser ?

 

Beaucoup de brasseurs s’arrêtent à cette étape.

 

Par manque d’inspiration.

 

Alors voici quelques tips pour t’aider à avancer.

 

2. Inspiration

Séparons la problématique en deux parties : les goûts et le process.

 

Une bière, c’est avant tout un produit gustatif. Et pour avoir des idées, tu peux :

 

  • Goûter des bières. Plus tu goûtes de bières aux associations variées, plus ça te donnera des idées. Le mariage Kveik x Triple Pearl fonctionne super bien par exemple, tout comme le tourbé x cassis.

 

  • Demander aux pros. Quand tu aimes une bière, vas voir les brasseurs, demande-leur comment ils ont fait. Au mieux, ils te donneront la recette, au pire, quelques indications. Dans tous les cas, tu apprendras des trucs. Par exemple, l’association Citra x Mandarina Bavaria est top, mais seulement si le Citra est minoritaire.

 

  • Goûter des trucs hors-bière : en cuisine. Essaye des associations de goût chez toi, fais-en profiter ta famille et tes potes, ça t’aidera à prendre de l’expérience. Le mariage dulse x chocolat/café est fou.

 

  • Regarder les associations de saveurs qui marchent. Je te conseille Le répertoire des saveurs de Niki Segnit, c’est mega inspirant !


Pour un(e) brasseur(se), le goût est important, et le process l’est tout autant :

 

  • Empâtage. La structure de ta bière est produite à cet étape. Selon la température, certains sucres seront favorisés. Réfléchis bien à ça.

 

  • Houblon. T’as plein de moyens d’extraire les arômes que tu souhaites : milieu ou fin d’ébullition, hop-stand, whirlpool, dip-hopping, dry-hopping. Selon plein de techniques : balancé dans ta cuve, en chaussette, en hop-gun.

 

  • Températures. Les arômes développés pendant la fermentation peuvent varier de façon impressionnante. Une WB-06 sous 22°C rappellera le clou de girofle, alors qu’au-dessus de 23°C, ça sent la banane.

 

3. Action

Une fois que tu sais ce que tu veux, c’est impératif d’y aller.

 

Le danger, c’est la procrastination.

 

À cette étape, c’est indispensable d’aller à l’essentiel.

 

Tu connais le principe de Pareto ? Appliqué à notre sujet, l’idée c’est que 80% d’une bonne recette ne repose que sur 20% des actions envisageables.

 

Essaye un truc simple que tu maitrises.

 

Joue sur l’équilibre sucre / amer, la couleur, l’alcool, la carbo et les arômes.

 

Et c’est tout.

 

Oublie le traitement de l’eau.

 

Oublie les grosses quantités de seigle, sarrasin ou avoine.

 

On n’est pas là pour optimiser sa recette. On n’est pas là non plus pour flatter son ego.

 

On est là pour tester des choses, se faire la main, prendre confiance et repousser les limites de son matos.

 

4. Note !

L’important c’est d’apprendre et évoluer.

 

Faut essayer des trucs.

 

Et les goûter.

 

Et recueillir le feedback des clients (voir mon article à ce sujet).

 

Puis faire le point en interne : 

  • est-ce que c’est ce qu’on veut ? 
  • qu’est-ce qu’on aurait pu faire pour améliorer cette bière ?

 

Mais on tombe très souvent dans le même écueil : on fait confiance à sa mémoire.

 

Alors que c’est une très mauvaise idée.

 

Parce que certaines erreurs donnent des bières de fou.

 

Et ça serait dommage de ne pas les reproduire

 

Parce que certaines associations qu’on pensait judicieuses ne fonctionnent pas du tout.

 

Et ça serait dommage de les reproduire

 

Et surtout : parce que certains mariages ne demandent qu’une petite amélioration pour rayonner.

 

Noter nous permet de savoir ce qui marche, ne marche pas.


Noter nous permet aussi de connaître nos limites et nos lacunes.

 

5. Next step

Ensuite, et ensuite seulement, tu peux creuser.

 

Une fois que tu es à l’aise avec “créer des trucs”, tu peux aller plus loin.

 

Travailler sur les 20% restants.

 

Pour affiner tes bières et les rendre plus propres.

 

Pour améliorer tes rendements et la rentabilité de ta brasserie.

 

Pour développer ta technicité sur des problèmes plus complexes.

 

Optimiser, en jouant sur le profil de ton eau.
Optimiser, en jouant sur le pH de ta maische s’il a dérivé.
Optimiser, en jouant sur les volumes d’eau si tes pertes sont trop importantes.

 

Développer, en jouant sur les températures d’empâtage.

 

Pour plus ou moins de corps. Pour plus ou moins d’alcool. Pour brasser seigle, sarrasin et avoine en bonnes grosses quantités.

 

Développer, en jouant sur les synergies levure x houblon.

 

Pour des arômes plus intenses.
Pour des saveurs plus variées.

 

À toi de jouer

On n’a pas besoin de viser la lune à chaque brassin.

 

On n’a pas besoin de réinventer la roue non plus.

 

On a besoin de tester des trucs.

 

Des trucs qu’on aime faire.

 

Des trucs simples.

 

Et se développer progressivement.

 

Améliorer ses connaissances petit à petit.

 

Dépasser les limites les unes après les autres.

 

Créer des recettes, c’est pas seulement suivre des tendances.

 

Créer des recettes, c’est mettre ses tripes sur la table.

 

C’est exprimer sa personnalité,

 

Transmettre des émotions,

 

Et péter des barrières.

 

Avec les bons outils.

 


Un grand merci de m’avoir lu,

 

Bonne semaine à toi, à vendredi,

 

Sébastien